Doug Ford s’en prend aux sites d’approvisionnement sécuritaire en drogues

Dans sa lettre, M. Ford remercie le fédéral de bloquer la demande de Toronto de décriminaliser les drogues dures (nouvelle fenêtre), disant s'opposer à « 100 % » à cette requête.

Il presse Ottawa d'aller plus loin en s'attaquant aux programmes d'approvisionnement sécuritaire, qui fournissent des comprimés d'hydromorphone légalement prescrits, notamment.

Un rapport [provincial] indique que des substances prescrites à ces sites sont souvent détournées, et peuvent être échangées contre des drogues dangereuses et létales comme le fentanyl.

Il ajoute que la situation contribue à une hausse de la consommation d'opioïdes chez les jeunes.

Le premier ministre Ford cite aussi l'exemple de Vancouver, en Colombie-Britannique, où la moitié de l'hydromorphone saisie par la police provient des programmes d'approvisionnement sécuritaire, dit-il.

Or, les sites d'approvisionnement sont approuvés directement par le fédéral, sans le consentement de la province, une situation que M. Ford qualifie d'inacceptable.

La province n'a aucune idée [...] des quantités de substances contrôlées et illégales qui y sont distribuées, dénonce-t-il.

Une approche ancrée dans la science, dit Trudeau

Santé Canada affirme sur son site web que les programmes d'approvisionnement sont une solution de rechange plus sécuritaire aux drogues illégales toxiques pour ceux qui ont un risque élevé de surdose.

Ces services peuvent contribuer à prévenir les surdoses, à sauver des vies et à mettre les personnes qui consomment des drogues en contact avec d'autres services sociaux et de santé, fait valoir le fédéral.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a aussi défendu l'initiative vendredi.

Nous allons continuer de mettre de l'avant une approche ancrée dans la science et dans la compassion.

M. Trudeau promet de collaborer avec les systèmes de santé, les municipalités et les provinces, au nom de la santé publique et la sécurité publique.

De son côté, le ministère de la Santé mentale et des Dépendances a répondu directement aux commentaires de M. Ford. Dans une lettre envoyée à Radio-Canada, une porte-parole affirme que le détournement de médicaments alternatifs prescrits est illégal. C'est pourquoi Santé Canada a renforcé les mesures d'atténuation pour tous les projets fédéraux de médicaments alternatifs prescrits et nous attendons des provinces et des territoires qu'ils fassent de même.

Ceci étant dit, la porte-parole ajoute que l'exercice de la médecine étant réglementé au niveau provincial, nous attendons de l'Ontario qu'elle définisse et applique les lignes directrices médicales qu'elle juge nécessaires pour assurer la sécurité des personnes et des communautés chaque fois qu'un médecin prescrit des médicaments à ses patients.

Le médecin hygiéniste en chef de l'Ontario, le Dr Kieran Moore, a défendu par le passé les centres d'approvisionnement sécuritaire, tout comme la décriminalisation (nouvelle fenêtre) des drogues dures, citant toutes les morts liées à la crise des opioïdes.

Il faut d'abord prendre des mesures urgentes pour garder les gens en vie, comme des sites d'injection supervisée pour drogues illégales, en plus de fournir des substances réglementées comme substitut, écrivait-il dans un rapport publié en mars dernier.

Avec des renseignements fournis par Mathieu Simard, Jérémie Bergeron et Christian Noël