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Prix de l’essence : Québec va imposer la transparence aux détaillants

Une pompe à essence sur laquelle sont affichés les prix de différents types de carburant.

Le reportage de Flavie Villeneuve

Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant

Le gouvernement Legault va obliger les stations-service à communiquer quotidiennement à la Régie de l’énergie les modifications au prix de l’essence affiché à la pompe. Cette transparence accrue contribuera selon lui à rendre le marché plus compétitif et à éliminer les écarts de prix « incohérents » observés sur certains marchés locaux.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a rendu publique jeudi l’Étude sur le marché de la vente au détail de l’essence au Québec.

En février, le ministre avait confié à Robert Clark, professeur d’économie à l’Université Queen’s et professeur affilié au Département d’économie appliquée de HEC Montréal, le mandat d’analyser les écarts de prix des carburants et de marges dans la vente des produits pétroliers (essence et carburant diesel) au Québec.

L'enseigne d'une station-service Esso affichant les prix de l'essence et du carburant diesel.

L'étude commandée par Québec confirme que les prix de l'essence sont plus élevés dans certaines régions, dont celle de la Capitale-Nationale (photo).

Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant

Ses travaux ont notamment permis de confirmer que les automobilistes de la Capitale-Nationale, de Chaudière-Appalaches, de la Gaspésie et de la Côte-Nord paient généralement leur essence plus cher que ceux des autres régions. C’est particulièrement le cas depuis la fin de 2021.

On voit que les tendances de prix sur certains marchés locaux sont tout simplement incohérentes avec ce qu'on voudrait voir [dans] un marché de l'essence compétitif. Donc, clairement, ça me préoccupe, a réagi Pierre Fitzgibbon en conférence de presse.

Concentration

Robert Clark évoque différentes explications possibles pour les différences de prix et de marges d'une région à l'autre, dont la structure des marchés locaux et leur niveau de concentration.

On note [...] une concentration importante du marché et les marges au détail sont élevées dans certaines régions. Au final, évidemment, ce sont les consommateurs qui paient.

Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie

Le rapport du professeur Clark renferme plusieurs recommandations destinées à favoriser la concurrence du marché tout en protégeant les intérêts des consommateurs. Québec a l’intention d’en implanter deux.

Le ministre Pierre Fitzgibbon et le député Samuel Poulin lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.

Pierre Fitzgibbon (au centre) s'engage à améliorer la transparence et la concurrence dans le marché de l'essence au Québec.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

La première consiste à abroger l’article 67 de la Loi sur les produits pétroliers, dont l’objectif, lors de son adoption, était d’empêcher les plus gros joueurs du marché à adopter des prix largement inférieurs à ceux offerts par les détaillants indépendants.

Pierre Fitzgibbon affirme que la raison d’être de cette clause ne tient plus la route puisqu’elle a l’effet d’un prix plancher.

On voulait protéger les indépendants pour empêcher qu'il y ait des prédateurs qui veuillent concentrer le marché pour pouvoir, évidemment, avoir des prix plus hauts. La consolidation a eu lieu et il y a une très grande concentration qu'on observe depuis plusieurs années. Donc, la clause en tant que telle n'a pas réellement servi, a déclaré le ministre.

Mesure inutile?

Selon le professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, Pierre-Olivier Pineau, l’abolition de l’article 67 n’aura aucun effet sur les prix à la pompe.

Il croit que la meilleure façon d’agir sur les prix des carburants est de diminuer la demande en hydrocarbures en encourageant les modes de transport alternatifs.

Les vendeurs [d’essence], s’ils arrivent à augmenter les prix, c’est [grâce] à la demande [...] très forte qui leur donne du pouvoir, et tout ce qui est covoiturage, transport en commun télétravail, tout ça, ce sont des outils pour lutter contre le pouvoir de marché des vendeurs, explique M. Pineau en entrevue à Radio-Canada.

Portrait de Pierre-Olivier Pineau.

Pierre-Olivier Pineau ne croit pas que l'abolition du prix plancher aura un effet sur le coût de l'essence. (Photo d'archive)

Photo : Radio-Canada

La seconde recommandation qu’entend suivre le gouvernement concerne la mise en place d’un régime de transparence des prix de l’essence. Celui-ci obligerait les stations-service à transmettre à la Régie de l’énergie, de façon quotidienne, les changements qu’elles apportent au prix de l’essence.

La Régie diffuserait les prix qu’on retrouve dans les différentes régions du Québec. Le gouvernement y voit une façon de bien informer et outiller les consommateurs.

Tout le monde va suivre ça

Pierre Fitzgibbon s’attend à ce que la mesure ait un effet baissier sur les prix.

Je pense que la transparence quotidienne ou hebdomadaire va faire en sorte que les gens vont pouvoir aller où c'est moins cher, d'une part, et d'autre part, bien peut-être que ça va avoir un effet, une pression positive sur l'écosystème aussi parce que ça va être plus visible. Les gens, les journalistes vont suivre ça, tout le monde va suivre ça, prédit-il.

Le ministre a indiqué que la plateforme de diffusion des prix de l’essence sur laquelle travaille la Régie de l’énergie serait prête au cours de l’été.

Les prix de différents types de carburants affichés sur une pompe.

La concentration importante dans certains marchés locaux expliquerait en partie les écarts de prix et de marge observés.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Vigeant

Quant à l'abrogation de l’article 67 de la Loi sur les produits pétroliers, M. Fitzgibbon a mentionné qu'un projet de loi serait déposé d'ici la fin de la session parlementaire.

Augmenter la taxe sur l’essence?

À la toute fin de la conférence de presse, Pierre Fitzgibbon a laissé tomber que la taxe sur l’essence mériterait selon lui d’être augmentée.

Invité par un journaliste à dire pourquoi son gouvernement ne baisse pas la taxe, le ministre a répondu : Baisser les taxes sur le carburant? Je pense qu'il faudrait les monter si on fait quelque chose , avant de quitter la salle.

Quelques heures plus tard, il a tenu à préciser sur le réseau social X que l’augmentation de la taxe n’était pas dans les cartons.

Certains journalistes ont mal interprété mes propos; le gouvernement n'a aucunement l'intention de hausser la taxe sur l'essence, a assuré M. Fitzgibbon.

Avec la collaboration de Flavie Villeneuve, Charlotte Dumoulin et Pierre-Alexandre Bolduc

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