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L’absentéisme dans les écoles francophones beaucoup plus élevé qu’avant la pandémie

Une jeune fille est allongée sur son bureau dans sa chambre alors qu'elle est censée faire ses devoirs.

Le désengagement et l'anxiété sont des pistes d'explication de l'absentéisme chez les élèves.

Photo : Getty Images / Halfpoint

Les écoles francophones du Nouveau-Brunswick font face à un gros problème d'absentéisme chronique.

Depuis le début de l'année scolaire, le tiers des élèves du secondaire (32,8 %) ont été absents 10 % ou plus des jours d'école.

Au primaire, c’est un élève sur cinq (20 %), et au niveau intermédiaire, c’est un élève sur quatre (26,9 %).

Bien que les données montrent que les taux d’absentéisme sont légèrement plus bas dans le secteur francophone que dans le secteur anglophone, elles préoccupent les responsables des districts scolaires.

On s'est dit [après la pandémie] : "On revient à la normale", mais c'est difficile de revenir à la normale, constate la directrice générale du District scolaire francophone Sud, Monique Boudreau.

Monique Boudreau en entrevue.

Monique Boudreau explique que des changements pédagogiques qui encouragent l'engagement des élèves peuvent réduire l'absentéisme.

Photo : Radio-Canada

[Il y a] des 30, 40, 50, même 60 absences dans l’année… Ce qui m'inquiète, c'est qu'on voit ça un petit peu plus souvent, fait pour sa part observer le directeur du District scolaire francophone Nord-Ouest, Luc Caron.

Selon lui, les impacts de ces absences répétées peuvent être graves.

Si l’absentéisme cause un retard au niveau de ces bases-là et si on n’intègre pas des bases solides dès le départ, évidemment, ça va suivre l'enfant pendant plusieurs années.

Une citation de Luc Caron, directeur général du District scolaire francophone Nord-Ouest

Des fois, on a des difficultés par la suite à récupérer ces retards-là, constate M. Caron.

Le district Nord-Est en tête

C’est au District scolaire francophone Nord-Est (DSFNE) que l’absentéisme chronique est le plus élevé.

Au primaire, les données sont relativement semblables pour l’année scolaire 2023-2024. Mais au niveau intermédiaire (de la 6e à la 8e année), 31,2 % des élèves ont été chroniquement absents. Au secondaire, le taux frôle 40 %, alors qu’il est de 28,3 % au DSFNO.

Dans une déclaration, le DSFNE explique que l’une des raisons qui expliquent ces données est l’éloignement des grands centres urbains. 

Les élèves qui participent à des compétitions sportives doivent souvent partir une journée plus tôt pour se déplacer vers les lieux de compétitions. Il en va de même pour ceux et celles qui ont besoin de soins médicaux spécialisés.

De façon générale, le district affirme que les données sont relativement favorables, puisqu’il arrive troisième sur sept districts scolaires au Nouveau-Brunswick.

Une légère amélioration

Dans tous les districts, les taux d’absentéisme chronique n'ont pas diminué jusqu'aux niveaux prépandémiques, même s’ils s’améliorent peu à peu.

Les facteurs sont multiples selon les districts : virus respiratoires, voyages en dehors des congés prévus, manque de motivation, etc.

Si les taux d’absentéisme sont un peu plus bas au primaire, c’est surtout parce que les contacts avec les parents sont plus fréquents et plus serrés, croit Luc Caron.

Luc Caron devant les bureaux du district scolaire.

Luc Caron, directeur général du District scolaire francophone du Nord-Ouest

Photo : Radio-Canada / Bernard LeBel

Il faut dire que la responsabilité ultime de s'assurer que leur enfant se présente à l'école de façon régulière revient aux parents, note-t-il.

Monique Boudreau s’inquiète de voir que l’absentéisme chronique est de plus en plus observé à partir de la sixième année.

Elle consent aussi au fait que les jeunes de ces niveaux et du secondaire ont ressenti de fortes répercussions de la pandémie sur leur santé mentale. Elle croit qu’il est important d’implanter des stratégies pour motiver les élèves à se présenter en classe.

Plus le jeune va se sentir engagé, s’il travaille sur un projet qui le motive, eh bien, il va vouloir venir à l'école, parce que pour lui, c'est important : il est intéressé, il est motivé, croit-elle.

Des élèves se prononcent

À la polyvalente Louis-Mailloux de Caraquet, les élèves observent que certains de leurs camarades s’absentent souvent.

C’est très fréquent. Le monde manque souvent des périodes flex et ils partent en char, souligne Nam Fortin.

Gabriel Lucas Duguay.

Gabriel Lucas Duguay, qui fréquente la polyvalente Louis-Mailloux à Caraquet, observe que plusieurs élèves s'absentent souvent.

Photo : Radio-Canada

Des fois, c’est qu’ils sont malades; des fois, c’est le désintérêt. Mais moi, j’ai besoin d'être à l'école pour apprendre, croit Gabriel Lucas Duguay.

Il y a un relâchement, il y a du monde que ça ne leur tente plus, renchérit Gabriel Robichaud.

Les districts élaborent des stratégies

Depuis la fin de la pandémie, les écoles ont obtenu du financement pour embaucher des ressources d’appui supplémentaires.

Monique Boudreau explique que les méthodes pédagogiques sont adaptées pour susciter un meilleur engagement des élèves, par exemple en lançant des projets d’apprentissage dans leur communauté.

[Ils peuvent faire] des stages en communauté, du bénévolat, puis on est vraiment en train de voir que ça a un impact très grand chez l'élève par rapport à sa motivation, par rapport à son engagement, décrit-elle.

Luc Caron mentionne de son côté que des efforts sont réalisés pour mieux comprendre les raisons qui poussent les élèves à s’absenter et pour assurer les suivis nécessaires auprès des parents. Il ajoute que son district se penche sur l’idée d’une politique uniforme de suivi des absences puisque, à l'heure actuelle, les cas sont gérés différemment dans chaque école.

Le DSFNE affirme que les méthodes d’enseignement sont actuellement réévaluées et que le personnel est engagé dans un mouvement de renouveau pour s’adapter aux besoins des élèves qui vivent des changements constants.

Avec des informations de Margaud Castadère et de Réal Fradette

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