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La liberté de la presse menacée par les pressions politiques, s’inquiète RSF

Selon le nouveau classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), le Canada se classe 14e sur 180 pays, tandis que les États-Unis sont au 55e rang.

Un kiosque de journaux.

Globalement, les conditions d'exercice du journalisme sont mauvaises dans les trois quarts des pays.

Photo : AFP / PATRICIA DE MELO MOREIRA

Agence France-Presse

Les pressions politiques sur la presse augmentent dans le monde alors même que la moitié de la planète vote cette année, alerte Reporters sans frontières (RSF) dans son classement 2024 publié vendredi.

La Norvège reste en tête de ce 22e classement de la liberté de la presse, tandis que l'Érythrée arrive en dernière position, 180e, après la Corée du Nord les deux années précédentes.

Le Canada se classe au 14e rang, tandis que les États-Unis sont au 55e. La France passe de la 24e à la 21e place par un effet mécanique, car les indicateurs du pays stagnent, relève auprès de l'AFP Anne Bocandé, directrice éditoriale de l'ONG de défense des journalistes.

Globalement, les conditions d'exercice du journalisme sont mauvaises dans les trois quarts des pays.

L'ONG dénonce en particulier l'absence manifeste de volonté politique de la communauté internationale à faire appliquer les principes de protection des journalistes à Gaza. Plus de 100 reporters palestiniens ont été tués par l'armée israélienne, dont au moins 22 dans l'exercice de leurs fonctions, rappelle RSF.

Plus largement, cette édition 2024 met en exergue une moindre protection du journalisme par les États, quand ce n'est pas un rôle actif de ceux-ci dans la désinformation.

RSF pointe ainsi une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l'autonomie des médias dans la plus grande année électorale de l'histoire mondiale.

Plusieurs élections dans le monde

Près de la moitié de la population est concernée par au moins un scrutin, de l'Inde aux États-Unis en passant par les élections européennes, ce qui laisse présager de nouvelles pressions très fortes.

En Argentine (66e, -26 places), le nouveau président ultralibéral Javier Milei a annoncé en mars la fermeture de l'agence de presse publique Télam, qu'il accuse de propagande.

La situation est particulièrement inquiétante dans ce pays dirigé par un des prédateurs revendiqués de la liberté de la presse, alerte l'ONG.

Le président argentin Javier Milei.

Le président argentin Javier Milei. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / Marcelo Endelli

Au Sahel, les juntes qui ont pris le pouvoir au Niger (80e), au Burkina (86e) et au Mali (114e) ne cessent de resserrer leur emprise sur les médias et d'entraver le travail des journalistes, estime-t-elle.

Le contrôle des réseaux sociaux et d'Internet est très poussé au Vietnam (174e) et en Chine (172e), un pays qui, en plus d'emprisonner le plus grand nombre de journalistes du monde, pratique censure et surveillance.

À l'est de l'Europe et en Asie centrale également, les censures de médias se sont intensifiées, dans un mimétisme spectaculaire des actes de répression russes, observent les spécialistes de RSF, citant le Bélarus (167e), la Géorgie (103e), le Kirghizistan (120e) et l'Azerbaïdjan (164e). La Russie, où Vladimir Poutine a été réélu en mars, se classe 162e.

De plus, l'arsenal de la désinformation s'est enrichi de l'intelligence artificielle générative. En témoigne un hypertrucage audio dont a été victime la journaliste Monika Todova en Slovaquie (29e, -12 places) avant les législatives à l'automne dernier. Un contenu qui a clairement profité à la désinformation prorusse qui sévit dans le pays, d'après RSF.

Des images des deux personnes sont montrées côte à côte. Il y a des sous-titres slovaques sous la vidéo.

Capture d'écran de la vidéo dans laquelle on peut entendre les voix de synthèse de Michal Simecka et la Monika Todova.

Photo : Facebook Peter Mareck

Ailleurs en Europe, la liberté de la presse est éprouvée par les majorités au pouvoir en Hongrie, à Malte et en Grèce.

Dans plus des trois quarts des pays du monde est relevée une implication régulière des acteurs politiques dans les campagnes de propagande ou de désinformation. Cette implication est qualifiée de systématique dans 31 pays.

Les reculs les plus importants en matière de liberté de la presse s'observent en Afghanistan sous l'empire des talibans (178e, -26 places), au Togo (113e, -43) et encore en Équateur (110e, -30).

Améliorations dans certains pays

À l'inverse, la situation s'améliore au Chili (52e, +31), au Brésil (82e, +10) et en Pologne (47e, +10). La volonté politique peut permettre de meilleures garanties pour les médias, souligne Anne Bocandé. L'association propose des mesures concrètes à chaque échéance électorale.

Ce classement est réalisé sur la base d'un relevé quantitatif des exactions commises envers les journalistes d'une part et d'une étude qualitative de l'autre. Cette dernière se fonde sur les réponses de centaines d'experts de la liberté de la presse (journalistes, universitaires, défenseurs des droits de l'homme) à une centaine de questions.

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