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Capital Power abandonne un projet de captage de carbone en Alberta

Une colonne de fumée noire s'échappe de la cheminée d'un complexe industriel.

Capital Power invoque des raisons économiques pour justifier l’abandon de son projet d'une valeur de 2,4 milliards de dollars à l'ouest d'Edmonton. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images/iStock/rui_noronha

Capital Power annonce qu’elle met fin à son projet de capture du carbone à sa centrale au charbon Genesee, située près d'Edmonton. L’entreprise énergétique établie dans la capitale albertaine invoque des raisons économiques pour justifier l’abandon de ce projet d'une valeur de 2,4 milliards de dollars.

À l'heure actuelle, le projet n'est pas économiquement réalisable. C’est ainsi que Capital Power a annoncé dans un communiqué de presse qu’elle ne va plus de l’avant avec son projet de captage de carbone à son installation de production thermique Genesee.

Le projet, situé près du village de Warburg, dans le comté de Leduc, ambitionnait de capter et séquestrer jusqu'à trois millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an. Il devait être achevé en 2026 et être opérationnel dès 2027.

À sa mise en service, il devait rapporter quelque 5,4 millions de dollars en impôts fonciers locaux chaque année et créer une cinquantaine d'emplois à temps plein.

Capital Power se dit pourtant convaincue que le captage et le stockage du carbone constituent « une technologie techniquement viable et une voie potentielle vers la décarbonisation ».

Cependant, pour des raisons de coûts, elle dit qu’elle préfère consacrer [son] temps, [son] attention et [ses] ressources à d'autres occasions d’affaires pour servir [ses] clients avec des solutions énergétiques équilibrées.

L'entreprise, qui s'est fixé pour objectif de réduire à zéro ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2045, indique par ailleurs qu'elle pourrait explorer à nouveau la voie du captage et du stockage du carbone à l'avenir, si les conditions économiques venaient à s'améliorer.

Un projet de construction d'une installation de captage du carbone près d'Edmonton, le 19 octobre 2022.

La centrale électrique Genesee de Capital Power (ici sur une photo datant du 19 octobre 2022) est située près d'Edmonton.

Photo : La Presse canadienne

Un nouvel échec qui doit servir de leçon

La décision de Capital Power d'abandonner son projet de captage du carbone à sa centrale Genesee a provoqué l'indignation de groupes environnementalistes.

Selon Environmental Defence, une organisation canadienne de défense de l'environnement, il s’agit là d’un nouvel échec du terrible bilan du captage du carbone dans le secteur de l’énergie au Canada.

La plupart des projets ne démarrent jamais. Les rares qui le font, comme la centrale au charbon de Boundary Dam [en Saskatchewan], ne captent qu’une fraction du taux promis, affirme l’organisation dans un communiqué.

Genesee n'est pas le seul projet à échouer. D'autres installations de captage du carbone en activité au Canada ont eu du mal à atteindre les objectifs qu'elles s'étaient fixés.

Depuis 2015, le projet Quest de Shell, près d'Edmonton, a stocké neuf millions de tonnes de CO2, mais son taux de captage de 77 % reste inférieur aux 90 % annoncés initialement.

Environmental Defence estime que ce constat devrait servir de leçon aux différents ordres de gouvernements et les encourager à être plus prudents lorsqu’il est question d’utiliser de l’argent public pour subventionner les projets de captage et de stockage de carbone.

La décision a été prise malgré des subventions gouvernementales massives. Capital Power a déjà reçu 5 millions de dollars du gouvernement de l'Alberta et le projet aurait pu obtenir des crédits d'impôt fédéraux et provinciaux. Malgré cela, Capital Power a quand même décidé que le projet ne serait pas financièrement viable.

Une citation de Environmental Defence

L'organisation souligne que le Canada ne manque pourtant pas de solutions de remplacement des combustibles fossiles, car l’énergie éolienne et solaire, associée au stockage par batterie, est fiable, abordable et sûre, dit-elle, ajoutant : C'est là que les gouvernements devraient investir.

Le réseau électrique de l'Alberta dépend fortement du gaz naturel. De nombreux analystes estiment que la compensation des émissions de cette énergie nécessitera un mélange d'énergie éolienne et solaire, de l'hydrogène, de l'énergie nucléaire sous forme de petits réacteurs modulaires, ainsi que le captage et le stockage du carbone à l'avenir.

En janvier, Capital Power a déclaré qu'elle s'associerait à Ontario Power Generation pour évaluer la faisabilité du développement de petits réacteurs nucléaires modulaires pour contribuer à l'alimentation du réseau électrique de l'Alberta.

Un complexe industriel fait de tuyaux et de cheminées.

Il existe d'autres grands projets actifs de captage et stockage du carbone en Alberta, dont celui de Shell appelé Quest. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / JASON FRANSON

« La nécessité d’une réglementation solide en Alberta »

L’Institut Pembina, un groupe de recherche et de réflexion sur le secteur de l'énergie, a qualifié l’annonce de Capital Power de décevante, car « l'exploitation du gaz sans aucun plan de réduction des émissions constitue un risque majeur et n'est pas en phase avec les tendances mondiales ».

L’Institut Pembina estime par ailleurs que la décision de Capital Power souligne, une fois de plus, l'importance d'une réglementation solide, notamment dans la mesure où des réductions substantielles des émissions sont possibles [...] lorsque l'industrie et le gouvernement s'alignent sur les priorités.

L'Alberta doit établir un plan climatique clair, ainsi que des règles avec des objectifs intermédiaires pour les secteurs émetteurs, en donnant la priorité aux sources d'énergie les moins émettrices et les plus rentables disponibles aujourd'hui et en envoyant un signal clair à l'industrie sur la nécessité de réduire les émissions.

Une citation de L'Institut Pembina, dans un communiqué

L’Institut Pembina dit par ailleurs attendre avec impatience de voir comment Capital Power entend désormais tenir son engagement d’atteindre une émission nulle d'ici 2045, maintenant qu'elle ne développe pas de mesures de réduction pour ses centrales électriques au gaz.

Avec des informations de La Presse canadienne et de CBC

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