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Des enfants de la DPJ poursuivront le CIUSSS de la Capitale-Nationale

Une jeune fille seule est assise au sol.

L'avocate des deux jeunes filles affirme qu'il y avait une « culture du silence » dans la famille d'accueil. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Deux jeunes femmes qui ont été victimes d’agressions sexuelles dans une même famille d’accueil de Québec demandent maintenant justice.

Dans une affaire d’abord dévoilée par La Presse, l’avocate Valérie Assouline confirme qu’elle représentera deux anciens enfants de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) qui ont subi des abus sexuels entre 2004 et 2021.

C’était vraiment une famille où il y avait une culture du viol, explique l’avocate. C’était non seulement le père d’accueil mais aussi le fils qui abusaient sexuellement [de] ces jeunes filles.

L'avocate se tient debout devant son bureau et des toutous sont visibles à l'arrière-plan.

L'avocate Valérie Assouline demande à ce que quelqu'un soit tenu responsable. (Photo d'archives).

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La première dénonciation contre cette famille de Val-Bélair avait été faite en 2004, mais aucune enquête n’avait alors été enclenchée.

On n’a pas cru l’adolescente, a raconté Me Assouline en entrevue à l’émission Première heure.

C’est finalement la dénonciation d’une deuxième victime, en 2021, qui a porté la cause devant la justice.

Éric Jean, le père d’accueil, a été condamné en novembre 2023 à 10 ans de prison pour les gestes qu’il a commis sur les deux victimes.

Éric Jean au palais de justice discutant avec une avocate.

Éric Jean, le père d’accueil, a été condamné en novembre 2023 à 10 ans de prison pour les gestes qu’il a commis sur les deux victimes.

Photo : Le Soleil / Judith Desmeules

Son fils, Chrystopher Jean, fait également face à la justice pour agression sexuelle sur une personne mineure. Il devra retourner en cour au mois de juin.

S'ajoute aussi le beau-frère d'Éric Jean, David Hudon, qui, lui, devra faire face à la justice au mois de mai.

À la recherche de réparation

Valérie Assouline prévoit maintenant une poursuite contre le CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Il faut que quelqu’un soit responsable, martèle l'avocate.

Selon elle, au moins cinq autres jeunes auraient été victimes d’abus sexuels dans la même résidence.

Elle envisage même d'intenter un recours collectif contre l’organisme si d’autres victimes se dévoilent.

Comment ça se fait que ça n'a pas été fait, une enquête rigoureuse où on appelle chaque jeune qui est passé par cette famille d’accueil?

Une citation de Valérie Assouline, avocate des deux victimes

Elle remet en question les façons de faire de la DPJ, sachant que les enfants sont visités chaque mois par des intervenants.

Le CIUSSS de la Capitale-Nationale a répondu par écrit qu’une série de vérifications et d’actions avaient été réalisées à partir de mai 2021. Il précise qu’une enquête exhaustive auprès des enfants hébergés dans ce milieu et qui auraient pu aussi être victimes d’abus sexuels a été effectuée.

Le ministre demande des comptes

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, n’est pas passé par quatre chemins en commentant ce dossier à l'Assemblée nationale.

Je suis scandalisé, c’est abominable. Il y a des comptes qui vont devoir se rendre devant la justice, a-t-il lancé en mêlée de presse mercredi matin.

Lionel Carmant en point de presse.

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, n'a pas caché son dégoût dans cette affaire. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Il a affirmé qu’une enquête sera demandée à la direction nationale et a ajouté que des mesures ont été prises récemment pour empêcher ce genre de situation.

En avril 2022, le projet de loi 15, piloté par Lionel Carmant, avait été adopté à l'unanimité à l'Assemblée nationale. Il visait notamment à assouplir les règles de confidentialité pour permettre le partage des informations personnelles des enfants entre intervenants.

En modifiant la loi, on a libéré la parole de nos intervenants pour que, quand les enfants sont compromis, l’information puisse être échangée, a conclu le ministre.

Encore du chemin à faire selon des organismes

Le dossier mis en lumière mercredi provoque beaucoup de réactions dont celle de Jessica Côté-Guimond, la présidente cofondatrice du Collectif Ex-Placé DPJ.

Celle qui a vécu deux ans dans une famille d’accueil se dit préoccupée par le fait que la première victime n’a pas été crue.

La Protection de la Jeunesse a une obligation de rencontrer les jeunes qui sont placés donc pourquoi les intervenants n’ont rien vu, questionne la responsable du groupe.

La présidente provinciale par intérim de la Fédération des familles d'accueil et ressources intermédiaires du Québec, Mélanie Gagnon, dénonce aussi la situation.

C’est choquant, déplorable et même inacceptable, affirme celle qui est responsable d’une famille d’accueil.

Elle réitère la demande de son regroupement qui plaide pour la mise en place d’un commissaire indépendant pour le bien-être des enfants.

Selon la présidente, un commissaire permettrait de donner une voix aux enfants. Ils ont des droits eux aussi, a conclu Mélanie Gagnon.

Avec la collaboration de Colin Côté-Paulette et Camille Carpentier

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