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L’Équipe de concertation communautaire du SPVM perd son financement dans un mois

L'Équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR) du SPVM est abolie faute de financement.

L'Équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR) du SPVM est abolie faute de financement.

Photo : Radio-Canada

C'est la fin pour l'Équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR) du Service de police de la Ville de Montréal. La subvention de 7,4 millions, qui arrive à échéance le 31 mars après trois ans, ne sera pas renouvelée par le ministère de la Sécurité publique, a appris Radio-Canada.

Mise en place en septembre 2021, il s'agissait de la première équipe mixte du SPVM. Formée d'intervenants et de policiers, elle était toujours la seule à ce jour à faire des patrouilles uniquement à pied dans la métropole.

La nouvelle qui a été annoncée mercredi matin aux membres de l'équipe, formée de 33 policiers, cinq conseillers civils de développement communautaire et quatre sergents, a eu l'effet d'une douche froide.

Ce modèle de police a été cité de nombreuses fois en exemple par des politiciens comme étant la police de l'avenir pour se rapprocher des citoyens et des partenaires communautaires.

L’ECCR a fait un travail exceptionnel depuis trois ans. Le SPVM tient d’ailleurs à saluer les employé(e)s policier(-ière)s et civil(e)s de cette équipe, et à leur dire que leur rôle et leur expertise vont demeurer au cœur de son approche de police de concertation, a déclaré la Division des communications du SPVM.

Le gouvernement et la Ville de Montréal représentent les citoyen(ne)s. C'est eux qui décident de la manière dont ils emploient ou non les fonds publics. La responsabilité du SPVM est de faire le meilleur usage possible des fonds qui lui sont octroyés et de sensibiliser le politique à l'ampleur de ses besoins.

Une citation de La Division des communications du SPVM

Selon nos informations, le ministère de la Sécurité publique n'avait pas communiqué ses intentions à la Ville de Montréal. Tout comme le SPVM, l'administration Plante a été prise par surprise par cette décision.

On prend acte du désengagement du ministère de la Sécurité publique. À ce stade-ci, nous allons analyser la situation et ses répercussions qui auront certainement un impact.

Une citation de Alain Vaillancourt, membre du Comité exécutif - Responsable de la sécurité publique
En trois ans seulement, les policiers de l'Équipe de concertation communautaire et de rapprochement ont gagné la confiance de plusieurs personnes en situation d'itinérance de l'arrondissement Ville-Marie.

En trois ans seulement, les policiers de l'Équipe de concertation communautaire et de rapprochement ont gagné la confiance de plusieurs personnes en situation d'itinérance de l'arrondissement Ville-Marie.

Photo : Radio-Canada

Le démantèlement de l’Équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR) du Service de police de la Ville de Montréal, qui incarnait pourtant le modèle novateur de police de proximité que souhaite valoriser notre métropole, est un non-sens, a vivement réagit Abdelhaq Sari, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de sécurité publique.

La fin de cette équipe est d’autant plus préoccupante qu’elle a lieu en pleine crise de l’itinérance. Sachant qu’elle avait entre autres le mandat d’intervenir auprès personnes vulnérables, nous craignons que ces dernières tombent au bas de la liste de priorités d’interventions et soient encore plus laissées à elles-mêmes.

Une citation de Abdelhaq Sari, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de sécurité publique

Une aberration aussi, selon la Fraternité des policiers

Le président de la Fraternité des policiers et policières, Yves Francoeur, dénonce ce désengagement financier comme une aberration parce qu'il touche les programmes communautaires.

Là, on est en train de se demander : est-ce qu'on a vécu l'austérité libérale, pis là on s'en va vers l'austérité caquiste? Qu'est-ce que fait le gouvernement du Québec pour aider les policiers et policières? Des coupures! Ça ne peut pas marcher, a déclaré le chef syndical.

Depuis trois ans, les policiers de l'ECCR étaient entièrement dégagés de la réponse aux appels d'urgence afin de développer une police de proximité avec les personnes vulnérables, ou vivant en marge de la société.

Nos policiers travaillent étroitement avec les groupes communautaires qui viennent en aide aux femmes violentées, aux jeunes dans le besoin, aux itinérants. S'il y a des coupures, la direction du SPVM n'aura pas le choix, elle devra couper dans des services aux citoyens et ça va se répercuter sur la sécurité des Montréalais et Montréalaises.

Une citation de Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal

Les cinq conseillers civils verront leur contrat résilié dans un mois. Quant aux autres policiers, le SPVM les encourage à rester en poste jusqu'à l'automne, afin d'évaluer si une nouvelle mouture de l'ECCR peut préserver leur expertise dans les postes de quartier.

Le SPVM comptait des policiers de l'ECCR dans 15 postes sur son territoire. Ils étaient notamment dans le métro et le secteur du Village.

On est en hiver et on n'est pas capable de reprendre le contrôle pour rassurer les commerçants et la population. Ça n'a aucun sens, plaide M. Francoeur.

Cinq conseillers civils en développement communautaire, membre de ECCR, perdront leur emploi le 31 mars prochain.

Cinq conseillers civils en développement communautaire, membres de ECCR, perdront leur emploi le 31 mars prochain.

Photo : Radio-Canada

On sait toutefois que le SPVM cherche à ne pas perdre l'expertise acquise depuis trois ans.

Actuellement, il y a des centaines de postes vacants qui ne peuvent pas être pourvus malgré un nombre record de candidat(e)s, car l’École nationale de police du Québec est déjà au maximum de ses capacités. Après une autre année au cours de laquelle les policier(-ière)s ont enchaîné les heures supplémentaires, au risque de s’épuiser, le SPVM devra, à brève échéance, revoir l'offre de service qu’il peut raisonnablement livrer, a expliqué la Division des communications du SPVM.

La responsabilité des municipalités dit le MSP

Le prochain budget du ministre des Finances, Éric Girard, est attendu le 12 mars prochain. Le cabinet du ministre Bonnardel ne souhaite pas commenter ouvertement le dossier «  compte tenu du processus prébudgétaire en cours ».

Elle rappelle que le gouvernement du Québec finance de façon ponctuelle des programmes visant à régler des problématiques sociales urgentes.

François Bonnardel à l'Assemblée nationale.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Ce sont les administrations municipales qui prennent et sont responsables des décisions budgétaires pour financer leur corps de police. Le MSP peut financer des initiatives ponctuelles, mais cela a un début et une fin qui est entendue avec les municipalités dès l’octroi de ce financement, a déclaré le Cabinet du ministre de la Sécurité publique du Québec.

Tollé chez les oppositions à Québec

La décision de cibler un programme communautaire au SPVM par le gouvernement caquiste a soulevé un tollé chez les partis d'oppositions à Québec.

Je suis très fâché d'apprendre ça, aujourd'hui. Pendant presque un an et demi, j'ai siégé sur un comité contre l'exploitation sexuelle des mineurs. On a déposé notre rapport en 2020. Et au numéro 44, ça disait qu'il fallait créer des escouades mixtes. C'était une recommandation unanime des quatre partis: QS, PLQ, PQ CAQ, a réagit Alexandre Leduc, chez Québec Solidaire.

Tout le monde ensemble - on disait - il faut ce genre d'escouade mixte de policiers et d'intervenants pour avoir une nouvelle approche envers les personnes marginalisées, qui ont un manque de confiance envers les institutions. C'est suite à cette recommandation que le gouvernement avait initié ce financement-là. Et là badaboum, on apprend ça en plein milieu de deux semaines de circonscription. On ne peut même pas poser de questions au ministre [Bonnardel]. Il faut que la CAQ s'explique et qu'elle recule.

Une citation de Alexandre Leduc, député de d'Hochelaga-Maisonneuve chez Québec Solidaire

Le Parti Québécois parle d'un manque de considération pour la métropole québécoise.

La Ville de Montréal est surprise d'apprendre ça.. Le gouvernement du Québec n'aurait pas annoncé son intention. C'est un peu symptomatique de ce gouvernement, le manque de planification. Ce projet-là est vu comme un projet qui fonctionne. Ce n'est pas le temps, ni la manière d'annoncer la fin de son financement de manière aussi abrupte, a déclaré Pascal Paradis, député de Jean-Talon et porte-parole de la 2e opposition en matière de sécurité publique.

Le PLQ s'est également rangé derrière l'indignation de ses opposants à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement met fin à une équipe qu'il avait lui-même mise en place. Ces policiers offrent une expertise particulière pour une clientèle spécifique. Alors que l'itinérance et la violence liée à la santé mentale augmentent comme jamais, comment expliquer qu'on arrête de financer cette équipe?!, s'est indignée Jennifer Maccarone, porte-parole libérale en sécurité publique.

Le ministre doit revenir sur sa décision et octroyer à Montréal le financement nécessaire pour maintenir et pérenniser cette équipe.

Une citation de Jennifer Maccarone, porte-parole libérale en sécurité publique

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